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Sentencieux avocat de la beauté
2 février 2016

Meru. Anker au-delà.

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Meru. Le troisième billet du blog est donc la première critique d'un documentaire.

C'est l'histoire de trois hommes que le destin a jetés ensemble à la poursuite de l'impossible : la conquête d'un sommet inaccessible, au coeur de l'Himalaya.

 

Pourquoi les hommes se dépassent-ils ? Pourquoi la mort n'effraie pas les rêveurs solitaires ?

 

Les réponses du documentaire sont simples mais limpides : tout simplement parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement. 

 

Il serait néanmoins bien naïf de croire ces alpinistes inconscients. La mort est envisagée avec la plus grande profondeur ; elle est traitée avec le plus haut respect. Les alpinistes de l'extrême la connaissent mieux que personne, pour avoir enterré eux-mêmes beaucoup des leurs. Ils l'ont seulement apprivoisée. Elle est là, oui. Elle ravit les plus infortunés. Soit. Et après ?

Victor Hugo disait : "L'impossible est le foetus du possible" dans son William Shakespeare (coucou à mon frère Jibs).

Comment braver la mort, sinon en rendant l'impossible possible ? Personne n'avait jamais gravi le mont Meru, niché au coeur d'Himalaya. Le Meru, sorte de Graal pour les plus chevronnés parmi l'élite des grimpeurs.

C'est le plus dur, tous les intervenants interrogés pour le doc l'expliquent très bien. Sa configuration en fait une citadelle imprenable. Il faut une sorte de 6ème sens pour l'aborder ; être un grimpeur d'exception ne suffit pas.

Passons sur le volet technique car là ne réside pas l'intérêt principal du doc.

On demande à l'un des trois "pourquoi" ? Pourquoi faites-vous ça, risquez-vous de mourir alors que femme et enfants vous attendent à la maison et se font un sang d'encre ?

"The view... the view." Cette réponse est aussi simple qu'elle est définitive. Elle doit servir de lanterne à tous ceux qui les considèrent au pire fous, au mieux irresponsables. Ne commettez pas l'erreur qui consiste à juger ces hommes à la lumière de votre boussole personnelle. Ce sont des hommes certes, mais aussi des aigles. Comme les aigles, ils ont besoin d'aller goûter l'altitude ; là-haut tout fait sens pour eux. Et peu importe que d'autres aient dû payer le prix fort. Ils ne vivent que pour trouver l'air le plus rare.

Comment ne pas voir la pureté qui gît au fond de leur hardiesse ?

Quelques mois avant l'expédition décisive, l'un d'eux, le plus jeune, subit un terrible accident. Boîte crânienne littéralement ouverte, quelques vertèbres cassés... à quelques centimètres près, c'était l'état végétatif. Le diagnostic des médecins tombe : à 90% de chances, il lui sera impossible de remarcher. Alors un footing... Alors une expédition qui exige une condition physique de centurion...

Quelques longues semaines plus tard, il retrouve l'usage de la parole. Ses premiers mots ? I'll go to Meru. N'importe quel homme en pareille circonstance lui aurait conseillé de remettre son masque à oxygène et d'arrêter de délirer. Pas ses compères, assis à côté du lit, qui ne souhaitent pas briser son fol enthousiasme. "Ok, sure, you come with us... it's in 4 months."

Devinez quoi ? Le presque paraplégique à vie, qui ne remarcherait jamais, l'a fait, au prix d'une rééducation "surhumaine" selon ses camarades. Doublement héroïque, donc.

Si vous aimez les histoires où les hommes se dépassent et croient en eux, ce documentaire est fait pour vous. Sinon, ma foi... la filmographie de Lars Von Trier est épaisse !

 

 

 

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Sentencieux avocat de la beauté
  • Où l'auteur de ce blog vous livrera sa critique d'un film vu, à fréquence aléatoire. Les billets tâcheront de résister à la tentation très en vogue de s'extasier devant d'austères films finlandais mal cadrés. Et si le dernier Michael Bay est bon, le dira.
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